Les 24 heures du Mans 1968

Ford GT40 Fly, Porsche 907L SRC, Alpine A220 Le Mans Miniatures, Ford GT40 Scalextric

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28, 29 septembre 1968 - 36ème édition des 24 heures du Mans
Ford, Porsche : le championnat se joue au Mans

Les 24 heures en septembre

Cette édition 1968 apporte son lot d'inédits. Les évènements sociaux et politiques du mois de mai ont réussi bousculer les traditions. Pour la première fois de son histoire, l'épreuve se déroule en septembre et le départ est donné à 15 heures pour que l'épreuve se déroule dans de bonnes conditions de visibilité. Cette année, c'est au Mans que se joue le titre mondial entre Porsche et Ford.

Nouveau circuit, nouveaux règlements

Effrayée par les moyennes records enregistrées lors de l'édition 1967, la CSI décide de fixer à 3 000 cm3 la cylindrée des prototypes et à 5 000 cm3 celle des voitures de Sport (produites à cinquante exemplaires). Ford remise alors ses 7 litres, Chaparral retourne à la Canam et les superbes Ferrari P3/P4 sont condamnées au musée. Pour ralentir les voitures, le tracé aussi a été modifié avec l'aménagement de la "Chicane Ford" à l'entrée de la ligne droite des tribunes. 

La colère d'Enzo

Enzo Ferrari ne décolère pas et s'offre une année de « bouderie sabbatique ». C'est la première fois depuis la reprise de l'épreuve après la guerre en 1949 qu'aucune Ferrari d'usine n'est au départ. Porsche, qui a inspiré ces mesures, se pose en favori pour la saison 1968 avec ses 907 déjà bien rôdées. John Wyer lance dans la bataille des Ford GT 40 superbement préparées, performantes et nettement plus endurantes avec leurs moteurs V8 descendus à 4,9 litres. Si Porsche triomphe à Daytona, Sebring, à la Targa Florio, au Nürburgring et en Autriche, Ford réplique à Brands Hatch, Monza, Spa et Watkins Glen.

À la veille des 24 heures du Mans, rien est joué pour l'attribution du titre. Porsche mène à la marque, mais la nouvelle 908-3 litres s'est révélée plus complexe que prévu à mettre au point et elle n'a jamais fait ses preuves sur 24 heures. À 15 heures, sous un ciel menaçant et sur une piste très humide, les 54 voitures s'élancent lorsque Giovanni Agnelli, le président de Fiat, abaisse le drapeau tricolore.

Porsche en pôle position

Alors que la météo est restée clémente durant les essais, la pluie s'invite quelques minutes avant le début de course. Les Porsche chaussées en pneus pluie prennent immédiatement l'avantage. Dès le premier tour, Willy Mairesse quitte la piste dans les Hunaudières à cause d'une portière mal fermée. La Ford GT40 jaune est détruite et le pilote belge qui n'a pas attaché son harnais est grièvement blessé.

La piste séchant, Jo Siffert resté en pneus secs prend la tête dès le quatrième tour. A la fin de la première de course, les quatre 908 possèdent déjà un tour d'avance sur leurs rivales menées par l'Alpine de Jabouille. Le festival Porsche ne va pas durer. Auteur de la pôle position en 3'35''4, la Porsche n°31 du pilote suisse est la première à renoncer après quatre heures à la tête de la course sur rupture d'embrayage.

Ford en tête

A 22 heures, la Ford GT40 de Rodriguez/Bianchi très régulière, prend le commandement devant une Porsche 908 et la Matra bien revenue après des problèmes d'essuie-glaces. Après minuit, alors que la pluie redouble, les Porsche 908 de Mitter/Elford et Buzzetta/ Patrick renoncent, ainsi que la Ford GT40 de Hawkins/Hobbs. Les Alpine sont à la dérive, la 908 de Stommelen/Neerspach navigue à sept tours derrière les quatre Alfa 33 officielles.

24 heures du Mans 1968 - Ford GT40 #9 - Pilotes : Pedro Rodriguez / Lucien Bianchi- 1er

24 heures du Mans 1968 - Ford GT40 #9 - Pilotes : Pedro Rodriguez / Lucien Bianchi- 1er

Solides leaders Bianchi/Rodriguez possèdent alors trois tours d'avance sur la Matra qui a effectué une superbe remontée, mais qui roule sans essuie-glace. Sous le déluge, Servoz Gavin décide de ramener la Matra au stand et refuse de continuer dans ces conditions. Pescarolo relève le défi. Après un long tour de reconnaissance, il force l'allure, cumule les relais et tient la cadence. S'il reste dans le groupe de tête, Pescarolo ne peut toutefois pas empècher l'Alfa 33 de Giunti/Galli de lui ravir la seconde place à 5 heures du matin. Au lever du jour, la pluie diminue enfin d'intensité et Servoz-Gavin reprend le volant, remonte sur l'Alfa et la double devant les tribunes.

Matra entre dans la légende

Les spectateurs qui ont suivi l'épopée de la Matra à la radio sont revenus nombreux sur le circuit et chaque passage de la voiture bleue déclenche une folle ovation. C'est le début d'une fabuleuse histoire d'amour entre le public et Matra. Durant la matinée, les positions se figent. Vers midi, la Matra crève un pneu, rentre au stand et repart. A 12 h 20, un pneu arrière éclate dans les Hunaudières, provoquant un début d'incendie. Cette fois, c'est abandon pour les héros du Mans.

Et de trois pour Ford

En tête, avec sept tours d'avance, Pedro Rodriguez et Lucien Bianchi poursuivent leur ronde sans soucis et passent la ligne en vainqueurs devant la Porsche 907 de Spoerry/Steinemann et la 908 de Stommelen/Neerspach, revenue de très loin, qui a fini par déborder la vaillante Alfa 33 de Giunti/Galli. En vingt-quatre heures, Porsche a tout perdu, la course et le titre mondial ainsi que ses illusions sur la formule prototype qu'elle a tant souhaité. Ford de son côté hérite de façon heureuse d'un troisième succès au Mans et d'une nouvelle couronne mondiale dont tout le mérite revient à John Wyer.

Les films de la course