Les Hunaudières

La Ford "J" à pleine vitesse aux essais d'avril 1967

La Ford "J" à pleine vitesse aux essais d'avril 1967

La longue portion droite de la route Le Mans - Tours passe devant le lieu dit "Les Hunaudières".  Cette particularité va donner son nom à la  plus mythique partie du circuit des 24 heures.

C'est un simple ruban de macadam sur la D338, auparavant connue sous le nom de RN138. Droit comme un I ou presque. 5,8 km de vitesse pure dont près de 4 km en totale ligne droite. Les anglais l'appelle Mulsanne Straight parce que les citoyens de la Perfide Albion ne font décidément rien comme tout le monde. Mais dans le monde entier, on nomme l'endroit simplement « Les Hunaudières ».  Cette partie du circuit représente l'expression ultime de la course automobile ; la vitesse pure. Les ingénieurs ont déployé une énergie considérable pour sculpter des carrosseries capables de vaincre cet ennemi invisible qu'est tout simplement l'air. A 300 km/h, non seulement il se comporte comme un mur que la voiture doit transpercer, mais il se glisse aussi sournoisement sous la châssis pouvant provoquer le décollage de la voiture.

Courbe des Hunaudieres

La Ferrari 330 P4 de Mairesse et Beurlys dans la courbe des Hunaudières en 1967

La vitesse de pointe, Gérard Larrousse l’a testée en 1970 et 1971 avec la Porsche 917. Il raconte comment se négociait la ligne droite : « A la sortie du Virage de tertre Rouge, on monte toutes les vitesses jusqu'en cinquième. La fausse courbe du début ne pose aucun problème, on la prend à fond en pleine accélération. Je passe la cinquième au niveau du restaurant des Hunaudières. La vitesse ne se stabilise à 370 km/h que dans le dernier kilomètre avant la fameuse courbe à droite. Une très légère bosse masque la courbe. La courbe des Hunaudières se prend à fond. Après avoir visé la tangente à droite, il ne faut pas se laisser glisser complètement à gauche car il peut y avoir du gravillon à l'extérieur. Au cours de sa mise en appui, la voiture s'est légèrement freinée d'elle-même. Une bosse suit la courbe, on l'aborde à fond et au moment où la suspension se détend, on soulage l'accélérateur pour ménager la transmission. Lorsque la voiture retombe et commence à se stabiliser, on est à 350 km/h environ. Il est alors temps de freiner pour le Virage de Mulsanne. ». Mais si un incident survient, comme une crevaison ou la perte d’un élément de carrosserie, même les meilleurs pilotes doivent s’en remettre à la chance autant qu’à leur talent.

Le mythe sacrifié

Fin 1989, l'homologation du circuit des 24 Heures du Mans arrive à échéance. Le 10 décembre, le Conseil Mondial de la FISA se réunit et entérine la décision du président Jean-Marie Balestre : « A l'unanimité, il a été décidé de ne pas donner, ou renouveler, l'homologation de tout circuit comprenant une ligne droite supérieure à 2 km. ». Malgré une résistance farouche, l'ACO capitulera, et le 10 Avril 1990, soit le lendemain de la fin des travaux, la commission homologue les deux ralentisseurs et le circuit. Les 24 Heures sont sauvées mais le temple mondial de la vitesse est détruit pour toujours.

La progression des vitesses atteintes dans la ligne droite des Hunaudières

1961 - 280 km/h - Maserati
1963 - 302 km/h - Ferrari
1967 - 343 km/h - Ford
1971 - 362 km/h - Porsche
1983 - 371 km/h - Porsche
1988 - 405 km/h - WM

Le circuit des 24 heures du Mans de 1956 à 1967, la ligne droite des Hunaudières.

Le circuit des 24 heures du Mans de 1956 à 1967, la ligne droite des Hunaudières.