Les 24 heures du Mans 1969

Ferrari 250 LM Fly, Porsche 917 Le Mans Miniatures, Ford GT40 Scalextric, Porsche 908 Fly

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14 et 15 juin 1969 - La 37ème édition des 24 heures du Mans
La course du siècle

Le choc et la démesure 917 !

En avril 1968, la Commission Sportive Internationale, annonce des modifications applicables pour 1969 dont une qui semble anodine mais qui ouvre une brèche dans laquelle Porsche va s'engouffrer. Pour la catégorie "Sport", il suffira désormais de construire 25 exemplaires au lieu de 50 pour obtenir l'homologation. A l'origine, cette mesure est pensée pour les petites voitures comme les Porsche 910. Ferdinand Piech imagine que construire 25 exemplaires d'un véritable Prototype devient possible. Construits sans limite de budget, les 25 exemplaires fonctionnels de la 917 sont rassemblés dans la cour de l'usine et homologués le 21 avril 1969.

21 avril 1968 - Les 25 exemplaires de la Porsche 917 alignés dans la cour de l'usine

21 avril 1968 - Les 25 exemplaires de la Porsche 917 alignés au cordeau dans la cour de l'usine

Alors que l'homologation n'a pas encore été obtenue, deux exemplaires participent aux essais d'avril. La monstrueuse 917 bat le record de la piste de près de 5 secondes avec un tour de 3’30”7 à plus de 230 km/h de moyenne et se fait radariser à 340 km/h ! C'est donc sans surprise que les deux 917 d'usine occupent les deux premières places sur la grille de départ.

Le dernier départ "Le Mans"

En raison des élections présidentielles, le départ a été avancé à 14 heures ce samedi 14 juin. Au baissé du drapeau, tous les pilotes traversent la piste en courant et sautent dans leurs voitures. Tous sauf un : Jacky Ickx marche tranquillement vers sa Ford GT40 et s'élance bon dernier. C'est une des plus célèbres images des 24 heures du Mans, elle est au sport le symbole même de la résistance. Le jeune pilote belge qui participe a ses troisièmes 24 heures, proteste contre les dangers induits par le départ de type "Le Mans".

Jacky Ickx marche tranquillement vers sa Ford GT40

Jacky Ickx marche tranquillement vers sa Ford GT40

En effet, au delà des accrochages potentiels au moment de l'envol, disputer le début d'une course sans être solidement harnaché, ajoute un danger supplémentaire à une épreuve qui n'en manque déjà pas. Un accident au cours des premiers tours est souvent fatal et trop de drames hantent les esprits comme celui de Willy Mairesse grièvement blessé, sans doute à cause d'une portière de sa GT40 mal fermée, au cours du premier tour des 24 heures du Mans 1968.

Le drame du premier tour

L'amateur britannique John Woolfe aurait-il eu la vie sauve s'il avait été solidement sanglé par ses mécaniciens lors de la dislocation de sa Porsche 917 dont il sera éjecté ? Alors que Jacky Ickx traverse la piste au pas,  John Woolfe, très mal parti, profite de la puissance de sa 917 pour remonter en 12ème position lorsqu'il s’apprête à négocier pour la première fois les Esses de Maison Blanche. Sans doute entré trop vite, il perd le contrôle de sa voiture, heurte le talus à gauche avant de rebondir vers la droite en se coupant en deux. Une boule de feu jaillit au milieu de la piste que vont traverser la Ferrari d'Amon, l'Alpine de Jabouille et la Ford de Gardner. Seule la Ferrari qui percute le réservoir de la 917 va prendre feu, et Chris Amon en sera quitte pour la frayeur de sa vie. Pour le malheureux Woolfe éjecté sur le coté droit, il n'y a plus d'espoir.

Porsche en pôle position et 21 heures en tête

Comme prévu les 917 mènent la course dès le premier tour. Pourtant à la deuxième heure, la numéro 14 bénéficiant pourtant du moteur le plus puissant va connaître ses premiers ennuis pour finir par abandonner au milieu de la nuit. C'est sur la numéro 12 de Vic Elford et Richard Attwood que reposent donc tous les espoirs du constructeur de Zuffenhausen. A quatre heures de l'arrivée, la marque allemande semble s'envoler vers un inexorable doublé avec la 908 de Lins et Kauhsen dans le sillage de la 917.

L'abandon de la Porsche 917 numéro 12 après 18 heures passées en tête

L'abandon de la Porsche 917 numéro 12 après 18 heures passées en tête

Mais à 10 heures Attwood rentre à son stand en se plaignant de son embrayage. Après six minutes d’arrêt, il repart au ralenti. L'agonie de la 917 va durer un peu moins d'une heure, et c'est avec les honneurs et 18 heures passées en tête que la 917 à parements bleus va se retirer suivie quelques minutes plus tard de la 908 dont la boîte de vitesses a lâché du coté de Mulsanne. En moins d'une heure, Porsche a perdu ses deux voitures de pointe. La dernière chance repose alors sur la 908 rescapée de Hermann et Larousse qui roule à moins de trois minutes de la Ford de tête.

Trois heures de duel

A partir de 11 heures, le public des 24 heures du Mans va assister au plus grand duel de l'histoire de la course. En 10 minutes, tous les gradins, toutes les tribunes se remplissent et le village est déserté. La GT40 numéro 6 mène la course mais tourne 5" moins vite que la 908. A 11h10, la Ford ravitaille et prend le temps de changer ses plaquettes, ce qui va lui assurer un avantage déterminant pour la fin de la course. Perdant près de 4 minutes, la Porsche reprend la tête avec 47" d'avance. La Porsche s’arrête pour ravitailler  à 11h27 et repart dans les roues de la Ford. A 12h34, Ickx ravitaille et laisse passer la Porsche, mais reprend son bien à 12h42 après que Larousse ai céder le volant à Hermann. A partir de maintenant, il n' y aura plus d'arrêt et l'incroyable chassé-croisé commence.

Le fantastique duel Ford - Porsche des 24 heures du Mans 1969

Le fantastique duel Ford - Porsche des 24 heures du Mans 1969

La 908 possède l'avantage en ligne droite grace à son aérodynamique plus fine. Au freinage, les plaquettes neuves de la GT40 donnent l'avantage à la Ford  et on voit plusieurs fois Ickx déborder Hermann au freinage de la chicane Ford. Les freins de la Porche sont à la limite et plusieurs fois le témoin d'usure s'affiche au tableau de bord. Le seul moyen pour Hermann de se débarrasser de la Ford est de la doubler dans la ligne droite à la faveur de l'aspiration et de prendre suffisamment d'avance jusqu'à l'arrivée. Mais à ce petit jeu, au dernier tour, Ickx  sera le plus malin en ralentissant légèrement au début des Hunaudières.  Hermann hésite un instant et double. Ickx tombe une vitesse, prend le sillage de la 908 et double avant Mulsanne. Ses freins plus efficaces vont lui assurer 120 mètres d'avance au passage de la ligne devant une foule en délire.

Les films de la course