L'engagement privé de la Porsche 917 005 peut surprendre alors que la voiture est encore au tout début de son développement. Mais le programme 917 a couté tellement cher à Porsche, qu'il est difficile de se passer de l'apport financier des concurrents privés. C'est John Woolfe, gentleman driver anglais qui fût le premier acquéreur d'une Porsche 917 "de série". Soutenu par la famille Burton propriétaire de l'empire du textile anglais et dont il avait épousé la petite fille du fondateur, John Woolfe se rendit fin avril à Stutgart pour réserver sa 917 et l'engager au 24 heures du Mans. L'usine accepta de livrer la voiture directement sur le circuit, prête à courir.
John Woolfe qui a participé aux 24 heures du Mans 1968 sur une Chevron 3 litres n'est pas un débutant et sa détermination à gagner l'a guidé vers le choix de la voiture qui avait les meilleures chances de victoire malgré les difficultés de mise au point et de pilotage de la 917. Mike Treutlien, le chef mécanicien du John Woolfe Racing témoigne : "J'ai essayé de mettre John en garde ! Je lui ai dit que la course durait 24 heures, qu'il avait le temps ! Alors il m'a regardé et m'a dit : Je gagnerai cette course, Mike, coûte que coûte, du premier au dernier tour !".
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Les essais se passent mal, le moteur a des problèmes d'allumage et ne donne pas toute sa puissance. Woolfe ne peut faire que quelques tours, et Digby Martland, son coéquipier déclare forfait après avoir essayé la 917, conscient que ce monstre était bien trop rapide pour lui sur cette piste. "Je n'ai pas l'expérience requise pour maîtriser cette voiture et il me semble préférable de ne pas courir dans ces circonstances". L'usine Porsche délègue son pilote essayeur Herbert Linge afin que Woolfe puisse tout de même être au départ.
Les problèmes d'allumage réglés, la 917 blanche à bandes bleues et jaunes, se qualifie en 9ème position avec un excellent temps de 3'35"8 réalisé par Herbert Linge ou Kurt Arens qui pris également le volant aux essais. Malgré la difficulté que constitue les premiers tours de la course et les inquiétudes des cadres de chez Porsche qui ont jusqu'au dernier moment essayé de l'en dissuader, John Woolfe tient à prendre le départ.
A 14h00 le départ est donné et John Woolfe s'élance vers sa 917. Il tarde à démarrer, et ne passe qu'en 21ème position sous le pont Dunlop. Sans doute vexé de ce mauvais départ, il va cravacher et grâce à la puissance de la 917, il passe 12ème à Arnage. Il fonce maintenant vers Maison Blanche suivi par la Ferrari de Amon et la Ford GT40 de Gardner. Arrivant top vite dans le premier virage à droite, il vire trop large, louvoie, et se retrouve en mauvaise position pour passer le gauche. John Woolfe perd le contrôle de sa voiture qui survire et commence à glisser complètement en travers de la piste. A la sortie du virage, les roues retrouvent brutalement de l'adhérence et propulsent la voiture sur les fascines de gauche qu'elle percute presque de face. La voiture chargée de 150 litres de carburant se coupe en deux, s'enflamme instantanément et rebondit sur le coté droit de la piste. Pour John Woolfe éjecté sous la violence du choc, il est déjà trop tard.
Un mur de feu barre la route, mais la pour Ferrari d'Amon, la Ford GT40 de Gardner, et l'Alpine de Jabouille lancées à 240 km/h, impossible de s'arrêter. La Ferrari va heurter le réservoir de la Porsche resté en pleine trajectoire, provoquant un début d'incendie, l'abandon et une grosse frayeur pour le pilote néo-zélandais. "J'abordais Maison Blanche derrière la 917 de John Woolfe quand celle-ci, presque à la sortie, se mis en travers. Elle ne reprit pas sa ligne et glissa droit vers la fascine de gauche. Une explosion, puis plus de route ! Aveuglé, je sentis ma voiture heurter quelque chose, et quand je pus recouvrer la vue, ce fut pour voir les flammes qui m'entouraient. Je réussis à m'arrêter un peu plus loin et à m'extirper du cockpit sans la moindre brûlure".
Derrière, la trentaine de voitures suivantes sont arrêtées le temps de maîtriser l'incendie et de nettoyer les morceaux éparpilles de la 917. Quand la course reprend, les premiers passages à Maison Blanche seront effectués à vitesse réduite car les commissaires continueront à balayer la piste. La Ford numéro 9 et l'Alpine numéro 29 qui ont traversé le mur de feu s’arrêteront pour éteindre des débuts d'incendie. La Ford abandonnera peu après ainsi que la Healey numéro 37 qui a endommagé un radiateur en roulant sur un débris.
La Porsche 917 Scalextric C22
Annoncée dans le catalogue 1970, la Porsche 917 sera distribuée dès 1971. Il s'agit d'un modèle original conçu par l'usine Scalextric de Calais tout comme l'Alpine A310. On retrouvera d'ailleurs ces deux voitures dans le coffret 55LT. La référence française 090022 deviendra C22 en Angleterre en même temps que les phares abandonneront leur vernis jaune. Composée de trois pièces principales, la carrosserie, le vitrage et le support moteur, la voiture est assemblée sans aucune vis et est d'une robustesse à toute épreuve. Après des années de jeu, on trouve encore facilement ces jouets vieux de 50 ans. Seul l'aileron arrière a bien souvent disparu mais des refabrications modernes permettent de redonner tout son lustre à la Porsche 917.
Pour réaliser au mieux la voiture de John Woolfe, il faut peindre les roues en noir, appliquer également un fond noir sous les phares, peindre l'aileron en blanc et ajouter un rétroviseur sur l'aile avant droite. Les décalcomanies sont fournies par Le Mans Decals. Ainsi décorée, la voiture est surprenante de réalisme, et si ce n'est une garde au sol trop importante, elle pourrait rivaliser avec des reproductions modernes. Sur la piste, si l'on replace la Porsche dans le contexte de l'époque, le comportement est très correct, le centre de gravité un peu haut ne permet pas de grandes vitesses de passage en courbe, mais la voiture est souple, rapide et agréable à piloter.
Une autre reproduction ...
Proto Slot Kit (PSK) a reproduit la Porsche 917 des 24 heures du Mans 1969 sous la référence CB038 dans les quatre différentes décorations dont la numéro 10 de John Woolfe. Finement moulée en résine, la voiture est très fidèlement reproduite et montée sur le traditionnel châssis Slot Classic.