Les 24 heures du Mans 1965

Cobra Daytona Revell, Ford MkII Le Mans Miniatures, Ferrari 250LM Fly, Alpine M64 PSK

Cobra Daytona Revell, Ford MkII Le Mans Miniatures, Ferrari 250LM Fly, Alpine M64 PSK

19 et 20 juin 1965 - Les 33èmes 24 heures du Mans
Ferrari sauvé par ses clients

Le duel Ford - Ferrari, acte deux

Après l'humiliation de 1964, Ford, qui a confié le programme GT40 à Caroll Shelby, décide de donner l’assaut avec une surpuissante armada et est bien décidé à faire mordre la poussière au constructeur italien. Pour battre Ferrari, il fallait dépasser la barre des 450 chevaux pour la GT40. Le V8 427ci (7 litres) de la Galaxie délivrant 525 chevaux en version Nascar sera donc installé dans les GT40 donnant naissance à la MkII. Dégonflé à 485 chevaux, ce moteur allait briller par sa souplesse et son couple permettant de se contenter d'une boîte à 4 vitesses. Ford en profita pour dessiner un nez plus long muni d'une large ouverture d'extraction d'air nécessaire pour évacuer les calories du gros V8. Des freins plus puissants et des pneus plus larges complètent la panoplie de la MkII. 

Derniers réglages du monstrueux V8 de 7 litres des Ford MkII

Derniers réglages du monstrueux V8 de 7 litres des Ford MkII

Deux exemplaires sont engagés et confiés à Bruce McLaren et Ken Miles pour la numéro 1, Phil Hill et Chris Amon pour la numéro 2. Quatre GT40 4,7 litres et cinq Cobra Daytona complètent l'équipe américaine. Les premiers essais vont servir à poursuivre la mise au point et à installer des appendices en tous genre, moustaches, béquet, dérives donnant aux voitures une allure un peu bricolée. Le vendredi, en toute fin de séance, Phil Hill explose le record du circuit en réalisant un tour en 3'33"0, à 227,509 km/h de moyenne, reléguant la meilleure Ferrari à plus de 5".

Chez Ferrari, pour contrer l'offensive Ford, cinq P2 sont alignées avec des moteurs double et simple arbre à cames dont la cylindrée s'échelonne de 3,3 litres à 4,4 litres. Cinq LM 3,3 litres privées dérivées des modèles P victorieux en 1963 et 1964 sont également engagées en catégorie "Prototype", leur homologation en "Grand Tourisme" ayant été refusée par la CSI.

Ford renonce au bout de trois heures

Après avoir caracolé en tête de la course durant les premiers tours, la consommation gargantuesque du gros V8 va obliger les Ford MkII à ravitailler toutes les heures contre toutes les heures et demi pour les Ferrari P2. Il était dès lors évident que Ford avait perdu la partie avant même que Ferrai ne prenne les commandes. La lutte allait tourner court lorsque peu avant 19 heures la MkII numéro 1 renonçait boîte de vitesses cassée.  La situation n'était pas meilleure pour la numéro 2 qui avait perdu 12 tours pour réparer sa boîte. Phil Hill repartait pour un baroud d'honneur, battait plusieurs fois le record du tour mais abandonnait à la 7ème heure, boîte définitivement hors d'usage.

24 heures du Mans 1965 - Ferrari 275LM #21 - Pilotes : Johen Rindt / Masten Gregory- 1er

24 heures du Mans 1965 - Ferrari 275LM #21 - Pilotes : Johen Rindt / Masten Gregory- 1er

La déroute des prototypes Ferrari

Dès lors, la victoire de Ferrari ne fait plus aucun doute et le public pensant s'acheminer vers les 24 heures les plus monotones que l'on ait jamais vu, va déserter le circuit. Pourtant les courageux spectateurs restants vont être récompensés car le suspense va durer jusqu'au bout. L'un après l'autre, les prototypes Ferrari sont accablés d'ennuis. Le nuit exceptionnellement chaude et l'augmentation des performances des voitures vont détruire les disques de freins surchauffés. Ferrai tentera bien de remplacer les disques ventilés par des disques pleins, mais moins efficaces, c'est la transmission qui sera sollicitée pour ralentir les voitures et qui finira pas lâcher.

Les LM clients en tête

A la mi-course et contre toute attente, c'est la LM jaune de Dumay / Gosselin qui mène la course devant la LM rouge de Rindt / Gregory. Menée tambour battant, la LM du NART remonte rapidement sur sa sœur belge. Le match va pourtant s'interrompre à 12h53 quand Gosselin va éclater son pneu arrière droit dans les Hunaudières alors que Rindt est revenu dans le même tour. Il va parvenir à rejoindre son stand où les mécaniciens devront changer la roue mais aussi réparer l'aile gravement endommagée. 

Repartie avec 5 tours de retard, la LM de l'Ecurie Francorchamps va assurer sa seconde place laissant le NART filer vers sa première victoire. S'il il y avait eu un tour de plus, le résultat aurait encore pu changer car Gregory va casser son différentiel peu après avoir franchi la ligne d'arrivée.

Porsche, un pas de plus

Porsche aligne pas moins de sept 904 équipées de 3 moteurs différents, 4, 6 et 8 cylindres. Linge/Nocker placent leur 904 6 cylindres en 4ème position et remportent l'indice de performance. C'est aussi la première fois qu'une Porsche franchit la barre des 4 500 km en 24 heures. La 4 cylindres de Koch/Fischaber termine quant à elle à la 5ème place et remporte l'indice au rendement énergétique. Un petit pas de plus vers la victoire qui devra se faire attendre encore cinq ans.

24 heures du Mans 1965 - Porsche 904/4 GTS- Koch / Fischhaber - 5ème

24 heures du Mans 1965 - Porsche 904/4 GTS- Koch / Fischhaber - 5ème

Trois Ferrari sur le podium

A Maranello, Enzo Ferrari peut se consoler de la déroute de ses prototypes, car le podium est complété par la 275 GTB de Mairesse / "Beurlys" qui remporte également la victoire en GT. A Détroit c'est la crise, car ni les MkII, ni les GT40 ni même les Cobra n'ont pu menacer l'hégémonie italienne. On l'ignore encore mais cette neuvième victoire de Ferrari au Mans sera à ce jour la dernière et Ford reviendra en 1966 en ayant tiré toutes leçons de ses échecs pour enchainer ses quatre futures victoires consécutives.

 

Les films de la course