Onze Ferrari au départ
Ferrari est bien sûr le grandissime favori de cette édition qui ne réunit que 49 partants. Pour la victoire à la distance, la Scuderia aligne trois 250P (V12-3litres) et peut compter sur la rapide 330TR à moteur avant (la voiture victorieuse en 1962) engagée par le NART. Elles seront secondées par trois 330LMB (des "grosses" GTO à moteur 4 litres) étroitement suivies par l'usine et une autre 250/330LMB (à moteur 3 litres). Enfin en GT, Ferrari est représentée par trois classiques 250GTO.
Pour contester la victoire aux Ferrari, la Maserati 151 à moteur 5 litres est bien esseulée, alors que la nouvelle Lola GT à moteur central Ford V8 semble encore bien tendre. Aston Martin fait figure d'outsider, davantage par la qualité des équipages présentés que sur le potentiel réel de ses voitures : une nouvelle DP 215 à moteur 4 litres et deux DP 214 GT. Toujours parmi les outsiders figurent les trois Jaguar type E et deux AC Cobra. Avec deux prototypes 718 à moteur 8 cylindres et deux Carrera 2000 GT, Porsche vise une victoire de classe.
Forte présence française dans les petites cylindrées avec cinq René Bonnet à moteur Renault et une nouvelle marque qui débute au Mans, Alpine qui présente trois M63, elles aussi à moteur Renault, qui se sont fixés une victoire à l'indice. Le plateau est complété par des voitures britanniques (Lotus, Sunbeam, MG B, Austin Healey) et italiennes (Alfa Romeo SZ et Fiat Abarth 850). Une grosse attraction avec les débuts d'une voiture à turbine au Mans : la Rover-BRM. Pilotée par Graham Hill et Richie Ginther, elle est frappée d'un numéro 00 et court hors classement.
Le départ dans l'ordre
Le départ est donné par le Comte Hadelin de Liedekerke-Beaufort, président de la A.C.F. Pour la première fois les 49 voitures sont rangées dans l'ordre des temps des essais et non plus par ordre décroissant de la cylindrée. Il en restera seulement 12 classées à l'arrivée 24 heures plus tard.
Maserati fait illusion
Meilleur temps aux essais, Pedro Rodriguez est rapidement débordé par la grosse Maserati pilotée par Simon/Casner. Elle prend la tête de la course, pour la conserver durant 14 boucles. A la suite de quoi, elle ne quittera pas le peloton de tête, reprenant parfois le commandement au fil des ravitaillements. Mais vers 19 heures, le rêve se termine sur un bris de boîte de vitesses. Après un court intérim de Parkes/Maglioli, Surtees/Mairesse s'installent pour longtemps au commandement devant Scarfiotti/Bandini. Rien ne semble vouloir venir troubler la quiétude des Ferrari d'autant que derrière c'est l'hécatombe.
Un accident sera hélas fatal à Bino Heins, jeune pilote brésilien d’une Alpine, nouvelle venue dans la Sarthe. Vers 21 heures, l’Aston-Martin de Bruce McLaren répand son huile sur la ligne droite des Hunaudières provoquant les sorties de route de Salvadori (Jaguar E) et Manzon (René Bonnet). Lorsque "Bino" surgit, la piste est encombrée de débris et la piste souillée d'huile. l’Alpine tente de s'infiltrer par la gauche, mais le pilote en perd le contrôle et va heurter un poteau télégraphique. La voiture s’embrase et se retourne, et on ne pourra en extraire son malheureux pilote.
Des abandons en série
Une série d'incidents et de casses mécaniques réduisent les effectifs de moitié avant minuit ! Après 9 heures de course, le public manceau perd son chouchou, le flamboyant mexicain Pedro Rodriguez. Son coéquipier Roger Penske abandonne sur sortie de route consécutive à la rupture d’une canalisation d’huile. La remontée de l'Aston-Martin de Schlesser/Kimberley jusqu'à la 3e place entretient un semblant de suspense pendant la nuit, mais peu après 3 heures, elle doit renoncer (moteur cassé). Il faut attendre le milieu de matinée pour enregistrer un nouveau rebondissement.
Après un ravitaillement, la 250P des leaders s'enflamme à l'entrée du Tertre Rouge. Brûlé au bras Mairesse finit sa course dans les fascines et laisse le commandement à Bandini/Scarfiotti, alors solides seconds. Possédant une belle avance sur leurs poursuivants, les deux hommes rallient victorieusement l'arrivée avec 215,390 km d'avance.
Six Ferrari aux six premières places
Ferrari s'impose aussi en GT grâce à la GTO de "Beurlys"/Langlois, qui devance d'un cheveu la 250P de Parkes/Maglioli. Ferrari domine totalement la course et obtient les six premières places. La première des "autres" est la Cobra n°3 de Bolton/Sanderson, qui préfigure ainsi l'implication de Ford dans le championnat du monde des courses d'endurance. Participant "hors classement", la Rover-BRM à turbine de Graham Hill et Richie Ginther, a tourné comme une horloge et termine virtuellement à la 7ème place juste derrière les Ferrari.
La première victoire du moteur arrière
La Ferrari de tête, également victorieuse à l'indice de performance, a battu le record de distance, dépassé la barre des 4500 km et celle des 190 km/h de moyenne. C'est également la première victoire au Mans d'une voiture à moteur arrière et celle d'un équipage 100% italien. La seule voiture française rescapée, la René Bonnet de Beltoise/Bobrowski termine 11ème et enlève l'indice énergétique.