La Matra 630 est l'unique représentante de Matra qui participe à l'épreuve mancelle depuis 1966 mais sans grand succès. Pour l'édition de 1968, le service compétition de Vélizy n'a pas encore pu se consacrer très sérieusement à la préparation du Mans, beaucoup trop absorbé par la Formule 1 et la mise au point du moteur V12. Le samedi 28 septembre, une seule Matra se présente donc au départ de l'épreuve sarthoise et ce n'est même pas une nouvelle voiture.
Il s'agit simplement d'un Type 630 déjà connu dans lequel le V8 BRM a été remplacé par le V12 Matra. De surcroît, cet unique prototype pour 1968 a été endommagé sur le circuit Bugatti lors d'essais privés peu de temps avant le départ de la course. On a réussi à le réparer précipitamment mais ses deux pilotes, Henri Pescarolo et Johnny Servoz-Gavin, ne se font apparemment guère d'illusions quant à leurs chances dans ces 24 heures.
Pourtant, à la surprise générale, la Matra 630 V12 va faire une belle démonstration en se maintenant pendant quinze heures (depuis 20 h le samedi jusqu'à 11 h le dimanche) à la seconde ou à la troisième place. Toute la nuit, Pescarolo en but à la défaillance de l'essuie-glace a lutté dans un nuage glauque. Dans les tribunes c'est du délire, dans la voiture c'est l'enfer. La Matra joue à "saute-mouton" avec un pilote qui joue lui à "colin-maillard".
Au matin, quand Pescarolo cède la place à un Servoz-Gavin revigoré, la Matra viendra déborder l'Alfa Roméo de Guinti/Galli juste devant les stands et prendre la deuxième place convoitée par une Porsche. Malgré des ennuis d'allumage et de limiteur de régime, on commençait à croire au miracle dans le stand Matra. Hélas, si à 11h50 une première crevaison est venue casser le rythme de la 630, c'est peu après midi que le drame se joue. Au freinage de Mulsanne, Pescarolo avait déjà senti la voiture flotter. Le pneu arrière gauche vient de lâcher. Crevaison ou simple perte de pression, qu'importe, il faut rentrer.
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La belle Matra, sale mais toujours fringante, ne pourra pas dépasser le poste 89 - soit entre les deux petites courbes qui précèdent la zone Indianapolis/Arnage. Les éclats de pneu vont entrainer la destruction de la batterie et provoquer un début d'incendie. La voiture abandonne officiellement à 12 h 23. C'en est fini de la belle aventure de Matra, et il faut tout le flegme - ou le fatalisme - d'Henri Pescarolo pour ne pas se rebeller contre le sort.
La Matra 630 Gama
La marque allemande Gama, a produit au début des années 70 une gamme de voitures de slot racing ainsi qu'un jeu complet de pistes et d'accessoires. Restée très confidentielle à coté des grands fabricants allemands tels que Carrera, Märklin, Fleischmann ou Stabo, Gama a mis à son catalogue des voitures de bonne facture telles que les peu courantes Opel GT et Ferrari 275GT ou la plus classique Porsche Carrera 6. La Matra 630 est la plus réussie de toutes et malgré la voie arrière très large imposée par le gros moteur transversal Bühler, les proportions sont très exactes.
La Matra 630 Gama permet de réaliser une personnalisation intéressante. Comme il serait dommage de modifier le châssis d'origine, la réalisation d'un châssis sur mesure demeure la meilleure solution d'autant que l'on peut du même coup adapter le moteur et les roues de son choix. Le remplacement de l'habitacle est également nécessaire pour obtenir plus de réalisme qu'avec l'épouvantable pilote d'origine. La décoration est signée Pattos. Pour terminer il convient de supprimer les rétroviseurs. On s'accommodera des blocs optiques très massifs et du double essuie-glace qui comme chacun sait était unique et fera entrer Matra et Henri Pescarolo dans la légende du Mans.
Une autre reproduction ...
Le Mans Miniatures, spécialiste des reproductions des voitures du Mans a mis à son catalogue en 2004 la Matra 630 sous la référence 132003. Moulé en résine, ce modèle bénéficie d'une excellente finition. Malgré les belles roues en aluminium, la partie mécanique n'est pas à la hauteur et permet juste à cette voiture de rouler mais sans aucun espoir de performances.