Acquise neuve pour les 24 heures du Mans par le John Wyer Racing, la Porsche 917 numéro 045 réalise le troisième temps des essais du mercredi en 3'18"2 avec Jo Siffert. Le jeudi, les deux 917 longues Gulf se voient équipées des mêmes rapports de boîte que la Martini, qui se sont révélés mieux adaptés et 'Seppi' améliore en 3'17"6 et conserve sa troisième place. Mais sa séance est surtout marquée par un incident qui se termine miraculeusement sans dommage : à la sortie de Maison Blanche, Siffert double la Porsche 911 S de l'Anglais Tuckett lorsque celui -ci oblique sur la gauche et envoie la 917 dans une impressionnante série de tête-à-queue à plus de 240 km/h. Siffert finit par heurter le rail en marche arrière, d'un côté puis de l'autre, mais sa voiture n'est qu'éraflée. Il la ramène aux stands, tremblant de peur et de colère : "je devrais être mort", annonce-il, avant d'expliquer à grand peine sa mésaventure.
Remis de ses émotions, Jo Siffert effectue un début de course très sage dans le sillage de Gérard Larrousse, mais un ravitaillement rapide lui permet de dépasser le Français et de boucler la première heure dans les roues de Pedro Rodriguez. Siffert, qui comme Rodriguez, effectue un triple relais, doit s'arrêter au cours de la 3ème heure en raison d'un boîtier d'allumage détaché. Ayant perdu trois minutes, Derek Bell repart 4ème et remonte sur la Ferrari-Sunoco, qu'il dépasse à l'occasion du ravitaillement suivant.
A la 5ème heure, la numéro 17 est remontée en seconde position, mais Siffert rejoint son stand en se plaignant du freinage et d'un louvoiement permanent de la voiture. Les onze minutes perdues pour changer pneus et plaquettes et purger les freins n'apportent pas d'amélioration et la Porsche rentre après un tour à faible allure. C'est en fait le roulement de roue arrière-gauche qui a grippé, ce qui nécessite le changement du porte-moyeu. Une heure et dix minutes sont perdues et la numéro 17 chute en 14ème position. Le même problème se produisit aussi sur l'autre 917 longue Gulf car il semble que la carrosserie enveloppante ait fait chauffer exagérément les roulements arrière.
Effectuant une belle remontée pendant la nuit, Siffert/Bell pointent en 6ème position au lever du jour, lorsque leur 917 commence à perdre son huile. Après changement du réservoir, on s'aperçoit que le problème vient d'un carter moteur fêlé. Après 23 minutes d'arrêt, Bell repart en ayant conservé la 6ème place, mais bientôt, la 917 repasse en traînant un nuage de fumée bleue de plus en plus épais. Après 18heures de course, le colmatage a cédé et l'abandon devient inévitable.
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Siffert se console avec un record du tour réalisé au cours de la 2ème heure en 3'18"8 (243,905 km/h). Mais ce record du tour est généralement attribué à Jackie Oliver sur la foi des commentaires du speaker et du journal des 24 Heures, pour un 3'18"4 (244,397 km/h) réalisé à la 5e heure. A chacun sa vérité ... Prêtée depuis 1972 par Porsche au Musée du Mans, elle troque alors sa livrée Gulf devenue politiquement incorrecte, (Gulf était un soutien du président Nixon lors de l'affaire du Watergate) pour la Martini identique à celle du châssis 042.
La Porsche 917 Fly 88224
Non content d'avoir complètement raté le dessin des phares de la Porsche 917 longue de 1970 en reprenant ceux de la "K", la marque espagnole aggrave la situation avec cette version outrageusement appelée "Le Mans 1971". La version 1970 avec les imperfections qu'elle avait déjà est simplement peinte aux couleurs Gulf. Inutile de commenter les erreurs tellement cette reproduction risible n'a rien a voir avec la sublime Porsche 917 LH de 1971.
Comme toutes les 917 de Fly, sur la piste la Porsche est à la peine. Le châssis est raide et les jeux de fonctionnement insuffisants et ce n’est qu’après une bonne préparation que la voiture pourra vraiment être digne de son glorieux modèle. Une fois l’aimant retiré, le moteur transversal présente l’inconvénient de délester l’avant et ce phénomène est accentué par l'important porte à faux arrière. Un lest placé derrière les roues avant pour équilibrer les masses permet d'obtenir un bon comportement.
En 2013, Fly a produit sous la référence 709103, une version low-cost de la Porche 917 numéro 17. La décoration est simplifiée, l'habitacle réduit à un simple demi-pilote et les pneus ne sont plus marqués. Le plus gros changement provient du châssis qui reçoit un moteur longitudinal. Si cette seconde version est encore moins conforme à la réalité, sur la piste, l'équilibre est bien meilleur qu'avec le moteur transversal.
Deux autres reproductions
Livrée en kit ou prête à rouler, la Porsche 917 numéro 17 reproduite par le fabricant marseillais MMK, restitue au mieux les lignes aérodynamiques tracées par Robert Choulet. Le modèle en résine est monté sur un châssis de type HRS équipé d'un support moteur Slot.it qui garantit de bonnes performances.
Le fabricant espagnol confidentiel Slot Real Car, a produit en 2003, 150 exemplaires de la Porsche 917 numéro 17 des 24 heures du Mans 1971 sous la référence SRC003C. La carrosserie est montée directement sur un châssis de Porsche 917 Fly. La voiture est très correctement réalisée et la carrosserie bien plus fidèle que la version de Fly.