Ulf Norinder, riche héritier de la famille Ahlgren, fabricants de bonbons en Suède, achète la Lola T70 SL132 au printemps 1968. Il prend livraison de sa voiture juste à temps pour participer aux essais d'avril des 24 heures du Mans 1968. Peinte en bleu à bande jaune aux couleurs de la suède, c'est Jo Bonnier, l'importateur de la marque pour le "Continent" qui effectue les premiers tours de roue et assure le service après-vente pour son compatriote. Norinder, proche de Jo Bonnier. Curieusement, le moteur est mis au point par Traco et non par Morand comme de coutume pour les voitures de Bonnier.
Ulf Norinder débute au Mans mais a déjà une longue carrière de pilote derrière lui. Il est en particulier connu pour avoir acquis la seule Ferrari 250 GTO importée en suède qu'il a fait peindre en bleu et jaune et avec laquelle il a participé à de nombreuses courses sur route et sur circuit. Pour la course, il s'associe avec son compatriote Sten Axelsson, déjà vu au Mans en 1966 sur Porsche 906. Aux essais, la Lola numéro 7 se qualifie en 12ème position avec un très honnête temps de 3'52"0, devançant l'autre Lola T70 de deux secondes, mais concédant plus de 16 secondes à l'agile Porsche 908 de Jo Siffert.
Bien partie, la Lola bleue pointe en 8ème position à la fin de la première heure. A l'issue de son premier ravitaillement, la numéro 7 retombe en 20ème position mais remonte régulièrement. Au 47ème tour, Axelsson, craignant la panne sèche, s'arrête à Mulsanne et quitte sa voiture pour se rendre à la signalisation prévenir son stand qu'il va rentrer au ralenti. A son retour les commissaires ont poussé la Lola sur la bas-coté considérant que le pilote suédois avait abandonné.
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Les aventures de SL132 au Mans ne sont pas pour autant terminées. Rachetée par Solar Productions pour le film "Le Mans", elle est convertie en un clone de Ferrari 512S par David Piper en utilisant les panneaux de carrosserie de la Ferrari 512S/1012. Equipée de caméras, c'est la voiture qui sera utilisée pour les plans de face de "Erich Stahler", le pilote Ferrari principal dans le film. Elle a ensuite été modifiée pour être pilotée par télécommande, mais lors d'un test sur la voie des stands, la voiture a heurté une barrière et a été fortement endommagée. Restée en France où elle sera vendue SL73/132, sera reconstruite en 2013 dans sa livrée d'origine et participe à de nombreuses courses historiques.
La Lola T70 Slotwings W004-02
Slotwings, marque fantôme de FlySlot décline la Lola T70 dans cette rare version du Mans 1968. La voiture est reproduite avec le moule des versions ultérieures de la Lola T70, le capot avant, le capot arrière et surtout les phares sont faux. On peut reprocher également la teinte jaune pas assez opaque qui vire au vert avec le fond bleu, l'absence des déflecteurs avant et des rétroviseurs (ajoutés ici par la suite).
La Lola est large, très basse et bien campée sur ses roues. Une fois l'aimant retiré, seule façon de tester le véritable comportement de la voiture, la Lola est lourde et pataude en piste et il est difficile de la piloter à la limite de crainte de casser les fragiles ailerons arrière.