La Jaguar E Lightweight S850662 est livrée neuve le 3 mai 1963 à Peter Lindner, fils de l'importateur Jaguar pour l'Allemagne installé à Wiesbaden. Comme les quatre autres Jaguar E Lighweight déjà livrées, (ce qui lui vaudra le surnom de "Number 5" ) elle se présente sous la forme d'un roadster avec hard-top en aluminium. La livraison intervient juste à temps pour permettre à Peter Lindner, associé à Peter Nocker, de s'engager aux 1000 kms du Nürburgring. L'équipage se montre très véloce aux essais, hélas, une rupture moteur provoque l'abandon de la voiture. Lindner se consolera plus tard dans la saison en remportant sur sa Jaguar, et coup sur coup sur ce même circuit dont il connaît chaque virage, deux courses de tourisme dont les 12 Heures du Nürburgring en équipe avec Peter Nocker. Il remportera aussi une épreuve à l'Avus sur la Lightweight ; performance que rééditera Peter Nocker à Innsbruck en fin d'année.
Les occupations professionnelles de Peter Lindner ne lui permettent pas de courir très souvent hors d'Allemagne, ce qui limite beaucoup le champ d'action de S850662. En vue de la saison 1964, elle rentre à l'usine pour y recevoir des améliorations de carrosserie. Pour l'essentiel, un arrière copié sur celui du « Low Drag Coupé» (EC1001) transformant ainsi le classique roadster à carrosserie aluminium en un sublime coupé. Ce sera la Lightweight la plus rapide jamais construite. De retour sur les pistes, elle connait une série d'abandon, au Nürburgring et à Zolder.
En juin, Peter Linder toujours associé à Peter Nocker, engage S850662 aux 24 heures du Mans. Le nouveau dessin du pavillon et de la partie arrière fait merveille dans les Hunaudières. Créditée du 23ème temps aux essais (4'05''9), la voiture est très rapide, mais dès la mi-course, des ennuis de moteur commencent à se manifester. Le bloc XK en aluminium se déforme et le plan de joint se voile. La belle Jaguar restera immobilisée trois heures à son stand pour remplacer le joint de culasse et un demi-arbre de roue. Jouant de malchance durant ce très long arrêt, la Jaguar sera frappée par des morceaux de métal du pont de la Ferrari 250GTO n°26 qui vient d'exploser en passant devant les stands. Il faudra donc en plus, changer le réservoir. Repartant avec le seul objectif d'éviter la mise hors course, la belle anglaise jettera l'éponge à 7h30 du matin avec à nouveau 110° au thermomètre d'eau.
La première partie de l'histoire de "Number 5" se termine à Montlhéry le 11 octobre 1964 par ces funestes 1000 kms de Paris. Peter Lindner alors 6ème après plus de 4 heures de course, soit au 2/3 de l'épreuve, arrive devant les stands noyés dans le crachin. L'Abarth de Patria qui voulait reprendre la piste est arrêtée aux ordres d'un commissaire. La voiture se déséquilibre alors brutalement et vient écraser l'Abarth, tuant son pilote et trois commissaires. Contrairement à ce qui a été souvent rapporté, Lindner en voyant l'Abarth n'a pas freiné, mais a certainement été victime d’aquaplaning. La voiture pulvérisée dans sa partie avant et retournée va terminer sa course dans la zone inemployée de l'anneau. Peter Lindner décédera en fin d'après-midi à l'hôpital Cochin. Les restes de la voiture sont mis sous scellés et resteront longtemps stockés au fond d'un garage à la disposition des enquêteurs. Bloquée par l'enquête judiciaire, l'épave tombe dans l'oubli. En 1976, un incendie se déclare forçant son propriétaire à sortir les restes au grand jour. Rachetée successivement par plusieurs collectionneurs découragés par le colossal travail de restauration, elle sera finalement reconstruite dans les années 80 par Lynx Engineering en intégrant le maximum de pièces d'origine.
La Jaguar Type E Lightweight 08359
La Jaguar Type E Lightweight sortie en 2004 enrichi la gamme de Revell/Monogram dans la série des GT du Mans. Fabriquée en Chine, la voiture est superbement reproduite dans les moindres détails; des roues magnifiques, un intérieur avec son pilote, tous les instruments de bord, les échappements salis, le saute-vent... La décoration et la peinture métallisée, la gravure des rivets, sont totalement conformes au modèle original. On peut reprocher un léger empattement général de la voiture, une impression renforcée par l'épaisseur du châssis. Les rétroviseurs sont un peu gros et ne sont pas présents sur la voiture du Mans. par contre, il manque un petit appendice monté au milieu du pavillon bien visible sur les photos.
Le moteur placé en avant permet de dégager l'habitacle mais aussi d'équilibrer le poids et d'obtenir une bonne répartition des masses. L'aimant inutile peut être facilement démonté, et remplacé par un lest qui augmente le poids sur le train arrière et donc la motricité. La voiture a un comportement très sain sur la piste. La tenue de route est excellente et la vitesse de pointe impressionnante. La voiture est très agréable à piloter et file en silence traduisant la qualité du moulage et des ajustements.