La Matra 670/02 est identique à la numéro 12 et est suivie par Boyer, assisté du chef mécanicien Léon Quinet et de Marie-Annick Dufournier aux chronos. Elle est confiée à la star française François Cevert et au néo-zélandais Howden Ganley. Dans la première séance, Cevert est trahi par une soudaine averse et heurte le rail à l'entrée de la nouvelle portion du circuit. Il peut rentrer pour un changement de capot arrière. Les pilotes se plaignent d'avoir trop de frein sur l'avant et d'un arrière trop "léger". Le lendemain, on améliore le comportement en déchargeant le train avant par des réglages de suspension et d'aileron arrière. Cevert signe alors la pôle position en 3'42"2 chaussé de pneus "spéciaux" qu'on ne peut toutefois pas considérer comme des pneus de qualification, car ils auront bouclé 23 tours en tout !
Laissant Pescarolo prendre le meilleur départ, Cevert s'incline devant Bonnier au 3ème tour avant de prendre la tête au 5ème. Au 8ème tour, la Lola reprend l'avantage. La pluie tombe au tour suivant et François ne prend aucun risque, laissant s'enfuir les deux Lola. La pluie cesse rapidement et la numéro 14 repasse la Lola de Bonnier au 12ème tour. Celle de De Fierlandt mène encore à la fin de la première heure mais grâce à un ravitaillement plus rapide. Cevert reprend l'avantage au début de la 2ème heure, devant Pescarolo, Stommelen et Jabouille. Tournant en 3'50", François mène brièvement puis se laisse glisser en 3ème position avant de passer le relais à Ganley. Celui-ci se retrouve en tête à la 3ème heure, le chassé-croisé avec la numéro 15 se poursuivant toute la nuit. En tête de la 5ème à la 9ème heure, la numéro 14 s'incline à la suite de son premier changement de plaquettes. Elle reprend l'avantage peu avant la mi-course.
Inquiet de voir que Pescarolo / Hill ne respectent pas les consignes, Cevert est rassuré lorsqu'on lui dit que deux changements de plaquettes seront encore nécessaires sur la numéro 15. C'est à la 20ème heure que tout bascule, alors que la pluie est réapparue. Chaussé en slicks, Ganley ne peut résister au retour de Hill, qui réduit l'écart à deux minutes. Lorsque la numéro 14 s'arrête pour chausser les mixtes, elle perd la tête. De plus, l'allumage mouillé fait des siennes et Howden stoppe au tour suivant pour le faire sécher : il se retrouve à un tour, dans le sillage de Hill.
Peu avant midi, la pluie redouble et Ganley se fait percuter dans les Hunaudières par une Corvette : "J'ai freiné par crainte de percuter Graham, qui avait ralenti, et j'ai senti un choc à l'arrière", racontera t-il. Il parvient heureusement à conserver le contrôle de sa voiture et rentre au ralenti : le pneu arrière-gauche est crevé, la carrosserie et un bras de suspension ont bien souffert. Grâce à la télévision, l'équipe peut mesurer l'étendue des dégâts et lorsque la voiture s'arrête après avoir bouclé son tour en 22'45", tout et prêt. Moins de 8 minutes suffisent pour réparer mais quand Cevert repart sous les applaudissements, tout espoir de victoire s'est envolé.
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L'allumage nécessite deux arrêts supplémentaires (8' pour changer la platine, la tête d'allumeur et les bougies, puis 12' pour un changement du faisceau des bougies et de la tête d'allumeur, dont le charbon s'était brisé lors du changement précédent). C'est avec 10 tours de retard que la bleue et jaune franchira la ligne aux côtés de sa sœur, François levant bien haut les bras pour célébrer le doublé Matra. Maigre consolation : avec 40,6 L/100 km. la numéro 14 aura consommé moins que la numéro 15.
La Matra 670 Le Mans Miniatures 132046/14M
Le Mans Miniatures est un artisan français qui produit en série limitée, une gamme de voitures de course au 1/32ème pour le slot racing sous forme de kits ou de modèles prêts à rouler superbement réalisés. Les carrosseries et les châssis sont moulés en résine avec des pièces en photo-découpe utilisées pour mettre en évidence les détails.
En 2014, Le Mans Miniatures ajoute à son catalogue les versions longues de la Matra 670 des 24 heures du Mans 1972. Basées sur la version courte, ces nouvelles moutures sont spectaculaires de finesse et de réalisme dans les moindres détails.
Sur la piste, le poids important de la voiture du à l'épaisseur de la résine, bride les performances. L'extrême rigidité du châssis ne permet pas également d'obtenir une bonne tenue de route. Cette voiture trouvera donc plus sa place dans une vitrine qu'en compétition sur la piste.